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Armando Menicacci

Collaborations

Rachid Ouramdane, Julie Nioche / Fin Novembre

     C’est sur invitation de Rachid Ouramdane et Julie Nioche que j’ai rejoint la compagnie en tant que dramaturge. J’étais alors en doctorat en danse et informatique à l’Université Paris 8 et je venais de fonder le Laboratoire Mediadanse avec Emanuele Quinz et Andrea Davidson. À Médiadanse on faisait de la recherche, de l’enseignement et de la création en performance et nouveaux médias. Puisque Fin Novembre réalisait des projets dans ce domaine Rachid Ouramdane m’a contacté pour m’intégrer au sein de la création Face Cachée en 2002. Cette collaboration est devenue de plus en plus étroite et a continué jusqu’en 2005 à travers quatre créations. Au cours de l’approfondissement de cette collaboration, j’ai eu des rôles différents, au delà d’être un regard critique, j’ai produit des matières vidéo, sonores et j’ai été interprète sur scène. Au contact des artistes impliqués dans les projets listé ici bas j’ai fait mes premiers pas à l’intérieur des processus de fabrication d’une oeuvre. 

Face Cachée

     Face cachée (2002) est une création chorégraphique basée sur la lecture d’un texte un texte composé d’extraits du livre Le ticket qui explosa de William S. Burroughs assemblé par Rachid Ouramdane et lu par trois performeurs. Dans cet assemblage de textes, l’écrivain fait état des « deux moitiés » du corps, de ces deux organismes que représentent, le verbe – la construction textuelle et linguistique du sens – d’une part et, d’autre part, la corporéité dans sa capacité à construire du sens avec d’autres ressources que le mot. Neuf micro caméras filment des parties des corps des interprètes en train de lire le texte pendant que l’image est vretransmises sur le plateau où il y a neufs écrans.

     Trois autres performeurs, en régie, travaillent en temps réel les images avec des mélangeurs vidéos (Jérôme Dupraz), les voix avec un ordinateur sous max/msp (Frédéric Voisin) ainsi que la musique partiellement composée à l’avance et modulée en temps réel dans Pro Tools (Frédéric Nogray).

     Cette pièce a marqué le début de ma collaboration avec Rachid Ouramdane, Julie Nioche et la compagnie Fin Novembre en tant que dramaturge.

+ ou – là

     Dans « + ou – là » (2003) on voulait créer une pièce qui parle de comment la télévision et le cinéma construisent hiérarchise des points de l’espace (et du temps de la narration) et nous propose plus ou moins subrepticement un système de valeurs. Sur scène, nous voulions que ce soit d’abord la matière dansée elle-même qui se prête à un jeu de tissage et détissage des figures repérées, des formes reconnaissables gâche à la manipulation de caméras et d’écrans sur scène de la part des danseurs. Il s’agit d’une invitation, faite au regard, pourqu’on reconstruise et à remette en question les filets qui, de l’œil, sont jetés pour aller à la pêche du sens dans les images. Non seulement du sens des figures et des gestes, mais des processus de la formation de ce qui, dans le geste est processus de figuration.

À l’oeil nu

De 2003 à 2005, la compagnie Fin Novembre commence un projet site specific collectif qui s’intitule A l’oeil nu, qui tente de repérer et créer des interférences entre l’espace public et des gestes artistiques. Ce projet propose une relecture d’architectures existantes au travers d’un jeu de résonances avec notre mémoire cinématographique.  Le processus prévoyait plusieurs résidences danschaque lieu ou l’on a joué -La scène Nationale “Le Manège” de Reims, le Centre National de la Danse de Pantin et la Ménagerie de verre de Paris, et le Stuck à Louvain (Belgique). En regardant les lieux et en faisant appel à nos mémoires du cinéma nous tentions de transformer l’expérience que les spectateurs ont du lieu de représentation en mélangeant, en vidéo des scènes de films connus, des scènes que nous avons tournés dans les lieux avec nos présences scéniques.

Les morts pudiques

     Les Morts pudiques (2004), solo de Rachid Ouramdane, trouve son origine dans une recherche sur le net. Curieux des représentations de la mort dans l’univers du web, le chorégraphe a commencé par entrer les mots « jeune » et « mort » sur un moteur de recherche. Une avalanche d’informations a surgi : 76000 entrées, à l’époque, connectant les deux thèmes ! En filtrant cette multiplicité, le chorégraphe a vu peu à peu émerger
un panorama d’attitudes et de réactions témoignant, dans la jeunesse actuelle, d’un imaginaire de la mort. Rachid a notamment constaté l’importance du thème du suicide, très présent dans les informations
circulant sur le net et témoignant d’une fascination morbide : suicides en direct sur le net, suicides collectifs organisés au Japon via la toile, suicides des kamikazes musulmans… Si la mort est partout sur le net, elle est pourtant étrangement déréalisée. Pour Rachid Ouramdane, les médias et la toile tendent à « vide la mort de son sens » en la traitant par la spectacularisation, la banalisation ou le déni. Avec « Les Morts
pudiques », Ouramdane cherche à réinvestir l’imaginaire de la mort de manière positive : il part à la recherche de ce que l’idée de la mort « peut avoir de vitalisant » dans le monde d’aujourd’hui.